mercredi 28 avril 2010

Retour sur un week-end difficile

Vendredi

Ça y est. J'ai enfin mis mes bagages dans l'appartement ce matin, j'y retourne dès que cette journée du vendredi 16 avril est terminée. Maintenant que je sais où se situe l'appartement, je ne devrais pas avoir de problèmes à le retrouver, même si l'autorickshaw s'y perd un peu. Je repars du travail après une journée bien remplie; je ne sais plus si je me fais accompagner sur le chemin du retour mais j'atteins finalement l'appartement dans les environs de 20 heures.

Sur place, alors que je m'attendais à trouver un cuisinier (comme il est marqué sur le site de l'appartement!), je me retrouve devant un gentil bonhomme qui ne comprend malheureusement pas un mot d'anglais: Bhagat. Souvenez-vous du nom, il va souvent revenir. C'est l'homme à tout faire de la maison visiblement, mais vu que la communication ne passe pas...

J'appelle Meenu, la femme la plus utile d'Inde... ou plus simplement celle qui s'occupe de tout ce qui est secrétariat, organisation des paperasses, etc. chez ApnaCircle. Je lui demande si elle peut me faire traductrice improvisée le temps d'expliquer à Bhagat qu'il me faut deux choses indispensables: de l'eau, et un repas. Dehors, je n'ai rien vu qui ressemble à un restaurant à proximité, que ça soit le restaurant typique du coin, un McDonald's, un Pizza Hut, ... Rien.

Bhagat m'apporte de l'eau, mais la bouteille n'est pas scellée. Méfiance. L'eau non scellée ne doit jamais être consommée en Inde, à moins que vous n'ayez envie que vos intestins vous intentent un procès... très efficace. Sans parler des maladies qu'il est possible d'attraper à cause d'une eau non potable...


Bref.

Avec la bouteille, il me tend différents prospectus sur lesquels figurent des numéros de téléphone que je peux appeler pour commander mon dîner. Tant pis pour les frais... J'appelle. On me demande un numéro local. Hein? Pardon? Il est en fait impossible de commander sans donner un numéro local; en effet, si le livreur ne trouve pas votre lieu de résidence (ce qui doit arriver souvent visiblement), il vous appelle.

Je rappelle donc Meenu pour lui demander si je peux utiliser son numéro à la place. Accordé. Je rappelle. Je donne le numéro de téléphone et me fais passer pour M. Meenu. En effet, ils ont accès au nom de la personne à laquelle appartient le numéro de téléphone, donc je dois feinter. On me dit que le repas sera livré dans 30 minutes.

Quarante minutes plus tard, je reçois finalement mon... McDonald's (on ne se change pas!) que j'engloutis avec un appétit mitigé: vais-je vraiment manger du fast-food tous les jours pendant 3 mois?! Réflexion idiote, mais quand on ne connaît rien d'autre... Je dîne en face de la télé, naviguant entre le cricket, les films hyper connus et les hits typiquement indiens. Ça change... Je ne me défais pas néanmoins d'une impression d'être seul, un peu inquiet de ne pas avoir de compagnon dans la même situation que moi à proximité.

Allez, il est l'heure d'aller se coucher. Je coupe la télévision, les lumières et les ventilateurs, plongeant l'appartement dans l'obscurité, et vais m'allonger dans la chambre avec le lit deux places. Et là:

Le vide.

Une impression insupportable d'être tout seul, de n'avoir rien à faire, de se demander ce que l'on fait là, et surtout de se dire que l'on ne va jamais tenir trois mois dans cet endroit. Une pression aussi soudaine qu'extraordinaire, qui coupe l'appétit et qui ne donne qu'une envie: se coucher en attendant que ça passe.

Heureusement, je suis couché, mais c'est la seule bonne nouvelle de la soirée. Je me retourne dans tous les sens, le stress au ventre, paniqué de ne pas avoir la certitude que je vais m'en sortir, en manque de compagnie, et sans point de repère auquel me raccrocher.

Je finis par m'endormir avec d'énormes difficultés.

...pour me réveiller vers 2h du matin dans une chaleur intenable, sans climatisation, à cause d'une coupure de courant. Lorsque mon doigt est à 10 centimètres de l'interrupteur du ventilateur, le courant revient, la climatisation se remet en marche.

Samedi

Et je ne me réveille pas en super forme. Je reste plus longtemps que nécessaire allongé, à me dire qu'il faut que je bouge pour rencontrer du monde mais le stress me laisse cloué sur mon oreiller. Je finis par m'en détacher pour aller prendre une douche. Au retour de la douche, j'essaye de me persuader qu'il faut que je me rende à l'Ambassade de France et/ou à l'Alliance Française pour ne pas rester cloîtrer dans cet appartement, en vain. La boule qui m'occupe l'estomac me ramène au lit, et je somnole pendant une bonne partie de l'après-midi... sans manger, l'appétit étant vraiment dans les chaussettes.

A un certain moment, je remarque que le net nous a quitté, rendant impossible une des tâches que j'avais prévu d'entreprendre pendant tout le week-end: le téléchargement des bases de données de Viadeo pour les installer chez ApnaCircle. Une possibilité d'échappatoire psychologique en moins... Je retourne m'allonger.

Jour... coupure de courant... nuit... plafond... coupure de courant... oreiller...

Les heures passent et, désespéré de n'avoir même pas réussi à commander un déjeuner, je m'oblige littéralement à sortir de l'appartement sans en avoir l'envie et à me rendre au Great India Place, un mall (gros centre commercial) situé à plus ou moins 1 kilomètre de mon appartement. Ça à l'avantage de m'aérer l'esprit, de voir du monde, et je me rends au Big Bazaar au sous-sol, un supermarché où j'achète de l'eau minérale, du "Diet Coke", des nouilles instantanées, du savon et du produit vaisselle. Je ne trouve aucune bouteille non périmée. Même le "Diet Coke" est dépassé d'une semaine... Tant pis, ça ne devrait pas plus me tuer que les bouteilles qui sont données dans les restaurants (très souvent périmées elles aussi)...

Retour à l'appartement. Cet endroit commence à devenir un cauchemar. De nouveau dans la solitude, à regarder des débilités à la télévision. Je démarre l'ordinateur portable sans trouver le courage de travailler ou de chercher quelque chose sur internet. Je lance des animés que j'ai apportés depuis la France. J'en profite pour commander par téléphone, toujours en utilisant le numéro de Meenu, je dîne devant l'ordinateur, puis je reprends le chemin du lit qui ne m'avait pas tant manqué que ça.

(La climatisation sautera de nouveau vers 5h du matin. Cette fois-ci j'aurai le temps d'allumer le ventilateur.)

Dimanche

Aujourd'hui, je ne resterai pas inactif toute la journée. Je me lève plus tôt que le jour précédent, avec une boule de stress toujours présente au ventre, et, sans avoir pris le temps de prendre un petit-déjeuner, part avec le premier autorickshaw vers Connaught Circus, une des places centrales de Delhi.

Connaught Place.

J'aurai passé une bonne partie de l'après-midi là-bas (qui fera l'objet d'un autre billet), et tout s'est bien passé, ce qui m'a rassuré un peu; mis à part l'effet "appétit coupé" au restaurant. Je me suis en effet rendu au Rajdhani, un restaurant indien réputé, et qui sert un thali savoureux... quand on a un minimum envie de manger. Bien que je me sois forcé à y aller, je n'ai pas pu y avaler grand-chose à mon grand-regret, car ce que j'y ai goûté était excellent. Dépité, gêné de laisser plus de la moitié du plat dans mon assiette en partant, ce fut une autre source de questions quant à ma débrouillardise sur le sol indien: et si j'y perdais totalement l'appétit? Est-ce que ce ne serait pas la nourriture qui finalement m'achèverai?

Je suis rentré par le métro, très impressionné par sa propreté et sa régularité. La vraie classe au milieu de Delhi! Mis à part une très longue file d'attente pour obtenir mon billet, je n'ai payé qu'une somme modique pour faire le trajet Delhi-Noida: Rs. 18,00.

Retour dans la solitude de l'appartement. J'ai commandé mon repas, l'appétit ouvert par un jeun de 24 heures, me suis affalé devant la télévision à nouveau... Est-ce que ce serait vraiment mon train de vie pour les trois prochains mois? L'aventure me semble déjà longue, très longue, trop longue.

Toujours coupé d'internet (je ne le retrouverai que jeudi), je me barbe à continuer les animés que j'avais commencé la veille dans mon lit, juste avant de m'endormir.

La suite... ?

Je n'en suis pas mort, la preuve j'écris encore ;) Mais je tenais à vous faire partager la partie "calvaire" du voyage à l'étranger, même pour une période courte! Tous les expatriés que j'ai rencontrés depuis mon arrivée m'ont confirmé la même chose: les premiers jours en solo sont très durs. Evidemment, les choses peuvent être facilitées si on commence en collocation avec d'autres expatriés par exemple. Mais j'étais seul, et n'avait personne à qui parler dans un langage compréhensible en tête à tête.

Si vous avez suivi le blog, vous savez déjà que depuis, j'ai rencontré plein de beau monde et que bien sûr, la situation s'est arrangée: un cuisinier vient me faire la cuisine le soir (la classe!), il se charge même de l'eau. J'ai aussi trouvé un service de blanchisserie pour une somme qui défrise toute concurrence française. Et pour les week-ends, on prévoit d'aller visiter à droite à gauche avec d'autres expatriés.

Si le tableau que j'ai dépeint est assez noir, je ne peux nier avoir eu l'aide de mes parents par mail, de Sieur Nicolas Tricot et Sieur Christophe Thibault (que vous connaissez bien!) par mail et téléphone, d'un sympathique expatrié sur le site Expat Blog, de Meenu bien sûr, et enfin de Raj, un collègue d'ApnaCircle.

C'est maintenant l'inverse: il me tarde de découvrir l'Inde sous le plus d'aspects possibles: j'aimerai me rendre à Goa, peut-être à Calcutta, pourquoi pas dans l'Himalaya? On verra en fonction du temps disponible que j'aurai, mais ce qui est sûr, c'est que j'en profiterai à fond.

3 commentaires:

  1. Ouah ça fait froid dans le dos ce post...
    Je suis bien content que le moral soit revenu avec les expat que tu as rencontré !
    C'est carrément angoissant...

    RépondreSupprimer
  2. Allez courage, tu rentre la semaine prochaine ...
    Nous suivons tous avec attention tes aventures Indiennes ;)

    RépondreSupprimer
  3. Courage mon gars !!!
    c'est une période d'adaptation
    Dans quelques temps, ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir puis tu nageras comme un poisson indien
    et tu pourras raconter ça aux rookies ;-)

    RépondreSupprimer

 


Design by: Blogger XML Skins | Distributed by: Blogger Templates | Sponsored by Application Monitoring